Biographie d’Edouard Salim Michael 1921 – 2006

 

 

D’origine anglo-indienne, Edouard Salim Michael a vécu toute son enfance dans différents pays du Moyen Orient. Il n’aura jamais la possibilité d’aller à l’école et n’aura pas de langue maternelle.

Les pérégrinations parentales le ramènent à Londres juste avant la tourmente de la seconde guerre mondiale. Aussi, c’est sans savoir lire ni écrire et en ne comprenant que quelques mots d’anglais qu’il se retrouve enrôlé dans l’armée de l’air comme simple soldat au sol. Il y fait la rencontre providentielle d’un aumonier anglican qui lui apprend les rudiments de la lecture et de l’écriture.

La femme de cet aumonier lui enseigne la musique qu’il assimile à une vitesse stupéfiante. Sa première pièce orchestrale composée après seulement deux années d’étude remporte un concours et est jouée à l’Albert Hall à Londres.

Après la guerre, dont il sort terriblement meurtri, il poursuit avec passion ses études musicales et en plus de la composition, devient violoniste soliste. Il donne ses premiers concerts après seulement trois ans d’étude. En 1949, une autre rencontre providentielle éveille en lui un mystérieux souvenir silencieux.

C’est à Londres, chez Monsieur Adie, qui fait partie des groupes de Gurdjieff en Angleterre, qu’il voit pour la première fois de sa vie une statue de Bouddha. Il reste pétrifié devant elle et en rentrant chez lui, se met aussitôt sans difficultés dans la même posture que la statue, ferme les yeux et commence à se concentrer sur un son intérieur qu’il entend au fond des oreilles et de la tête sans même savoir que ce qu’il fait s’appelle de la méditation et que le son sur lequel il se concentre est appelé en Inde le Nada et constitue un support de concentration connu aussi bien des hindous que des bouddhistes.

Parallèlement à sa carrière de musicien, il s’engage alors avec toute la passion et l’exigence d’un grand artiste dans sa pratique spirituelle. Grâce aux capacités de concentration exceptionnelles qu’il a développées en tant que compositeur, il va rapidement vivre de profondes expériences spirituelles.

Ses parents n’ayant jamais pratiqué aucune religion, il est préservé de tout conditionnement religieux. Son absence d’éducation scolaire et de connaissances livresques laissent en lui le terrain vierge de préjugés et de projections. Il suivra le chemin de l’expérience directe, au-delà de tous les dogmes.

Au début des années cinquante, il vient à Paris pour étudier avec Nadia Boulanger, le plus grand professeur d’analyse musicale du XXème siècle. Il en apprécie l’extrême rigueur et éprouvera une profonde gratitude à son égard.

Il vit au jour le jour dans des conditions des plus précaires, poursuivant assidûment sa pratique de méditation à laquelle s’ajoute une lutte opiniâtre pour rester présent à lui-même dans toutes les circonstances de sa vie active.

Il s’appuie sur ce Nada, ce son intérieur qu’il tente d’entendre aussi bien dans sa méditation que tout au long de la journée. Il constate l’extrême difficulté de rester vigilant et conscient de lui-même dans la durée. Aussi, invente-t-il à son usage toutes sortes d’exercices de concentration qu’il transmettra par la suite à ses élèves et dans ses livres.

Après cinq années d’efforts incessants, il connaît, à l’âge de trente-trois ans, une expérience extrêmement puissante d’éveil à ce que l’on peut appeler aussi bien la Nature de Bouddha que l’Infini en soi.

Des problèmes de santé l’obligent à renoncer à sa carrière de soliste violoniste. Il se consacre uniquement à la composition, luttant dans le monde musical parisien pour que ses œuvres soient exécutées. Comme sa musique (qu’il signe de son premier prénom Edward) est restée tonale, il rencontre des difficultés de plus en plus grandes pour la faire jouer.

Il en vient en 1968 à décider de renoncer à la composition pour se rendre en Inde, pays de sa grand-mère maternelle, en vue de se dédier totalement à sa vie intérieure.

Il y cherche en vain un maitre pour l’aider à aller plus loin, mais il y fait néanmoins des rencontres significatives. Une sainte clairvoyante, Indira Devi, l’accueille avec chaleur et reconnait sa réalisation spirituelle. Comme il visite régulièrement des ashrams, Indira Devi lui fait comprendre qu’il ne doit pas perdre son temps à chercher un maitre extérieur : il doit poursuivre son propre chemin.

Il va rester en Inde près de sept années durant lesquelles il poursuit avec une ténacité inébranlable sa pratique de méditation ainsi que la concentration constante dans la vie active, parvenant finalement à rendre permanent son état d’éveil.

Passionné par le Hatha Yoga, il en a commencé la pratique à Paris. À Poona où il restera deux ans, il travaillera individuellement pendant quelques mois avec Iyengar puis, quand il ira vivre à Madras, c’est avec le fils de Krischnamacharia T.K.V. Desikachar qu’il perfectionne sa technique.
Il ne s’agira pour lui dans les deux cas que de technique, une science des asanas certes spectaculaire, mais dépourvue de la concentration et de la présence à soi-même qui sont pour lui l’essence d’une pratique spirituelle.

Il en viendra à pratiquer les asanas et le controle du souffle (Pranayama) trois heures par jour, pour aider son corps, mais en visant avant tout à stabiliser un état de vigilance et de présence pure en vue duquel le hatha yoga n’est qu’un moyen.

Vers la fin de son séjour en Inde, il rencontre plusieurs maitres tibétains, dont Nono Rimpoche envers qui il éprouve un grande attirance. Celui-ci pratique le hatha-yoga tibétain et lui demande de le rejoindre dans son monastère. Trois mois plus tard, avant que le projet ne se concrétise, le maitre tibétain quittera ce monde.

Edouard Salim Michael est alors poussé par des circonstances apparemment adverses à quitter l’Inde. Il revient à Paris et, pour gagner sa vie, y enseigne le hatha yoga. Rapidement, ses premiers élèves sont plus intéressés par son enseignement spirituel que par le seul hatha yoga.

En dépit de son manque d’instruction, il accepte, à la demande de celle qui deviendra sa femme, Michèle Michael, et avec son aide, de se lancer dans l’écriture de son premier ouvrage, qu’il rédige en anglais, The Way of Inner Vigilance, publié à Londres en 1983, et qu’il signe de son second prénom Salim.

Cet ouvrage a été réédité en 2010 aux Etats Unis par « Inner Tradition » sous le nouveau titre : The Law of Attention, Nada Yoga and the Way of Inner Vigilance« .

Au fil des années suivantes, Edouard Salim Michael écrira sept autres livres, rédigés directement en français.

Il enseignera jusqu’en 2002 et quittera ce monde fin novembre 2006.

C’est du bouddhisme dont Edouard Salim Michaël se sentait le plus proche, mais, comme tous ses écrits sont issus d’expériences spirituelles directes, il n’hésite pas, pour illustrer son propos, à citer la Bhagavad-Gîtâ, les Evangiles, ou encore des mystiques hindous, chrétiens ou soufis.

source : fr.meditation-presence.com